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LE BLOG DE PATATRAIL

Récit

Voilà mon petit récit de ce que je me souvient du tor des géants
Dimanche matin. C'est l'heure. Suis prêt. Gonflé à bloc. Plus de stress, juste l'envie de partir. Le sac, vu et revu, est bouclé. Sur la ligne de départ, je me rends compte du côté international de la course. 867 coureurs, 70 nationalités. Ca parle toutes les langues, sous le soleil. Beaucoup d'Italiens, d'Espagnols, de Français, d'Asiatiques , Belges. Je les croiserai tous ou presque sur le parcours.
A 10h20, c'est parti. Et comme toujours, cela part rapidement. L'ambiance dans les rues de Courmayeur est exceptionnelle. Des milliers de personnes crient " Bravi, Bravi" "Bon voyagi!" "Daï Daï Daï"... C'est très chouette et je profite bien du moment car très vite, je le sais, il va falloir grimper le premier col, le Col d'Arp. Un amuse bouche de 1300 m de D+.Les paysages sont déjà superbes. Nous passons dans des endroits vraiment extraordinaires. Je profite pleinement de ces paysages, en avançant à un bon rythme. Les premiers gros pierriers nous sermonnent déjà. Cela ne va pas être simple d'évoluer dans de tels terrains, on est loin des larges sentiers de randonnée. Arrivé au deuxième col, certains sont déjà bien "calmés". La descente bien raide demande de l'attention avant, de suite, de remonter sur la roche, vers le Col de Crosatie. Beaucoup de cordes et câbles métalliques permettent de s'assurer. C'est mieux, le chemin est encore long. Avec tout cela, la première journée est passée. Le soleil se couche, je redescends vers Valgrisenche - km 50. Première "base de vie". A savoir, un lieu, dans la vallée, où m'attend ma chouchou et un sac jaune qui me suivra tout au long de la course avec des affaires de rechange. On y trouvera également un repas chaud, des kinés, des lits de camps pour dormir...
Première nuit. J'ai toujours adoré être en montagne, en altitude, seul, dans l'obscurité, éclairé par ma seule lampe frontale. La file de coureurs est déjà bien étirée. Je suis dans ma bulle. Les ascensions du Col Fenêtre - 2840 m- et du Col Entrelor - 3002 m- sont vraiment très longues. A chaque fois 1300 mètres de dénivelé à la montée puis à la descente. Il n'y a pas de répit, de plat pour se dégourdir les jambes. Col Loson, 3299 m. Le point le plus haut du parcours. La montée fait 1650 m de D+ sur 6 km. Avec un long final dans la pierraille. Cela a l'air de rien comme cela mais, en réalité, et avec l'altitude, c'est absolument épuisant. J'étais scotché, Enfin j'y arrive ! Ce qui me rassure, c'est que les quelques congénères qui gravitent autour de moi sont dans le même état. En 100 km, on vient d'avaler 10 000 mètres de D+. Autant que sur l'UTMB en 170 km. Au sommet, la vue est grandiose mais on ne s'attarde pas. Il y a de grosses rafales de vent. Base de vie de Cogne. Km 106,2. Je suis bien content d'avoir passé ces six premiers gros cols. Je sais que la troisième partie du parcours (sur sept) sera, a priori, plus facile. Douche, , repas... .Petit malaise le doc ne veux pas me laisser repartir, il dit qu il faut dormir total je reste 3H30 et repart en oubliant de pointer.
J'avale la Fênetre de Champorcher - 2827 m. J'avance à un excellent rythme. Tout seul. Je ne vois aucun coureur devant ou derrière, des heures durant. Il fait froid, avec un vent glacial, mais je suis très bien équipé. Je me sens tellement bien où je suis. J'arrive à Donnas- km 151, Alors que plusieurs centaines de participants ont déjà abandonné, nous avons fait presque la moitié du chemin. En quittant Donnas, j'ai un seul objectif en tête : le refuge Coda. Situé 14 km plus tard, au km 169, il marque la moitié du Tor. Un cap important psychologiquement.Dans la nuit, les cols s'enchainent encore, les descentes aussi... des ravitaillements typiques du Tor. , une polenta cuite au feu de bois. Plus tard, ce sera un barbecue posé au milieu de nulle part. Autant vous dire que rarement une saucisse n'a eu un tel goût ! la descente vers Niel. Des amas de rochers à escalader, contourner... C'est sans fin. Je progresse vers la quatrième base de vie, Gressoney-Saint-Jean -km 206
Tout va bien. Je monte à un bon rythme le Col Pinter -2776m- et je profite, une fois encore, de ces paysages incroyables.
Tout va bien. Même si la fin du chemin est long, dans la nuit, j'arrive à Valtournenche -km 239-les conditions commencent à sérieusement se gâter. La pluie s'est transformée en grésil. Avec des bourrasques vraiment violentes.
Arrivé au Col de Vessonaz, c'est parti pour une longue descente de 1300 D-. Là, j'aurai beaucoup moins de plaisir
J'arrive à la dernière base de vie, Ollomont -km 287- à 01h53. Le constat est clair pour la suite de la course. Les ascensions se passent très bien. Franchement, je n'imaginais pas aller à cette allure là à ce stade du Tor. Il faut descendre de ce Col champillon. Que ce fut long. Mais à force de patience, de techniques diverses pour varier les points d'appui, début de contracture à la cuisse droite oblige, j'arrive à Saint Rémy en Bosse. Km 308 ou m attend ma chouchou ! Très sympathique ravitaillement avec l'équipe, les gens de l'organisation... Désormais, les personnes que vous croisez ne vous souhaitent plus "Bon courage" mais vous disent "Bravo" ! La fin n'est pas proche mais se rapproche. Encore 31km. Je dors 1H
En route vers le refuge Frassati - 2537m-J'étais déjà en bonne forme mais là, je suis gonflé à bloc pour passer le mythique Col de Malatra avec un peux de neige. Cette brèche à 2936 m signe l'entrée dans le massif approchant de Courmayeur. Le début de la fin. Ce passage fait partie de l'histoire du Tor des Géants. Le passer est un grand moment
Après Malatra, que je passe en milieu d'après-midi, la messe est dite Il faut encore progresser 25 km Le temps de se remémorer tout le chemin parcouru. Ces mois d'entraînement Ces instants de doutes pendant la course. Ces innombrables moments où je me suis senti parfaitement bien, profitant pleinement du luxe d'être ainsi plongé dans la nature, sans avoir autre chose à penser que grimper ou descendre la montagne suivante. Penser aussi à tout ceux qui m ont soutenu, a ma chérie qui ma suivie , assister et aussi supporter tout le long de ce tor
Pour être bien certain de mériter la ligne d'arrivée, plus de douleurs dans cette ultime descente. Dans les rues de Courmayeur, je n'ose y croire. Moi, Patatrail je vais devenir un "Géant", boucler le Tor des Géants. Il y aura beaucoup d'émotions le podium franchi. Le bilan chiffré est là. 129H 56 (le temps maximum autorisé était 150h). 339 km. 30908 D+. Je termine à la 194 ème place sur 867 participants et 461 Finishers (soit 48% d'abandons).

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